Cent millions de vues. On pourrait presque résumer Angèle comme ça puisque c’est le record atteint par le clip de « Tout oublier », single en duo avec son frère (le rappeur Roméo Elvis). C’était sans compter les autres cartes de la jeune belge : musicienne, auteure-compositrice, performeuse et bientôt actrice. Angèle est devenue à 24 ans un phénomène. Jeudi 6 février, au Zénith de Nantes, ils étaient neuf mille. Émotions.

© Sophie Brandet

À moins de vivre sur une autre planète, le nom d’Angèle est aujourd’hui connu de tous… Même Selena Gomez la cite comme sa chanteuse française préférée, bien au-dessus d’Edith Piaf… C’est dire ! Des chansons toutes plus tubesques les unes que les autres, des textes porteurs, une identité visuelle très forte (merci la talentueuse Charlotte Abramow), un minois digne d’une mannequin et l’audace de sa jeunesse. Angèle a tout pour elle.

Après s’être fait connaitre par « La loi de Murphy » et « Je veux tes yeux », la chanteuse tournait pour la première fois en France. Déjà à guichets fermés. Après avoir écumé tous les clubs et les festivals de France, Belgique, Suisse et même plus récemment du Canada et des États-Unis (deux arrêts exceptionnels outre Atlantique), c’est avec les Zéniths qu’elle a enchaîné.

Le Brol Tour pourrait durer encore, les salles ne désempliraient pas, mais vient toujours le moment de refermer la page. Encore quatre Bercy (AccorHotels Arena), treize festivals et Angèle quittera ses fans le temps d’écrire la suite de son histoire.

Amour, gloire et chansons au Zenith de Nantes 

En attendant, Angèle était de passage à Nantes ce jeudi 6 février pour son avant dernier Zénith. Évidemment, sold out depuis des mois.

Après le passage de la première partie, Swing, membre du groupe de rap « L’or du Commun », les fans trépignent d’impatience. Les commentaires fusent. Le premier rang se demande si elle sera toujours aussi belle, quelle sera sa tenue de scène du jour, si la setlist aura évoluée. À ce ton si singulier, on pourrait presque croire que l’on parle d’une amie, et non d’une chanteuse devenue star.

Apparaît alors sur l’écran géant de fond de scène « La Brol Cam », équivalent de la Kiss Cam, usuellement utilisée durant les matchs de baseball ou de basket américains. Des couples, des copines, des mamans avec leurs enfants, deux femmes, deux hommes… Tous y passent et s’embrassent sur grand écran le temps d’une minute de célébrité. C’est mignon à voir. L’ambiance est posée. Ce soir, c’est « que du love » comme chante Angèle sur la réédition de son album, « Brol – La Suite ».

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© Sophie Brandet

Angele et ses 9.000 choristes d’un soir

Noir salle. Une première danseuse apparait au centre, puis deux, puis trois… Elles seront six à accompagner Angèle sur scène, qui justement apparaît, se tenant devant un soleil. Le show peut désormais commencer. Vêtue d’un short cycliste sous un haut noir auréolé de flammes, la chanteuse est largement ovationnée. Des cris stridents… On pourrait presque penser que le messie vient d’arriver !

« La thune » (et ses pistolets gonflables) prend fin. Les danseuses reviennent, une ambiance bleue s’installe, c’est « La loi de Murphy » qui résonne désormais dans le Zénith de Nantes.

« Tu me regardes », « Jalousie », « Les matins », « Victime des réseaux », « Insomnies » … La setlist est judicieusement composée. Après une reprise de Pomme avec « On brûlera », vient alors la fameuse « Ta reine ». « Ce soir, Nantes c’est pour toutes les reines et tous les rois. »

À l’heure où les combats LGBT sont plus présents que jamais face aux portes de La Manif Pour Tous et à l’heure où l’homophobie reste un fléau… Angèle a écrit « Ta reine ». Elle ne se veut pas porte-parole, ni leader de la cause, ne se sentant probablement pas assez légitime. Elle a créé une véritable béquille pour tous ceux qui n’osent pas encore assumer face aux regards extérieurs (qu’ils aient 15, 20, 30 ans ou plus). Rien que pour ça, bravo. Dans une version toute en douceur, juste au piano, les mots prennent tout leurs sens. Des spectateurs se regardent, se parlent sans mot et parfois s’embrassent. L’ambiance est douce, comme une invitation à être soi-même et à accepter l’autre.

Angèle reste au piano, et reprend successivement « Nombreux », « Balance ton quoi », « Que du love » ainsi que le récent « Perdus ». « J’entends » signe le retour de ses danseuses.

« Nantes, est-ce que vous avez envie de chanter ? Ce soir, c’est mon avant dernier Zénith et j’aimerais voir si vous êtes à la hauteur. » « Tout oublier », avec en guest Roméo Elvis en hologramme, est repris par les neuf milles choristes d’un soir.

Après un interlude vidéo façon journal du soir, en l’occurrence les « Brol News », Angèle réapparait, changée et désormais couverte d’un ensemble jogging doré tout en paillettes. La fin du show approche.

« Flou », « Tes yeux », « Oui ou non », single le plus récent dont le clip composé de caricatures de publicités cumule désormais 24 millions de vues et enfin « Flemme ». Ne reste alors que « J’ai vu », qu’elle emprunte pour la tournée à son frère et Angèle peut dire au revoir aux Nantais.

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© Sophie Brandet

Dernière du Brol Tour et puis s’en va

Dans quelques jours, elle entamera ses quatre Bercy puis s’en ira. Elle reviendra le temps de quelques festivals et s’éclipsera à nouveau pour une pause à durée indéterminée.

Du haut de ses 24 ans, Angèle a vraiment tous les atouts en main mais elle sait aussi qu’avoir une jolie voix et un joli minois ne fait pas tout. Avec ses textes profondément ancrés dans sa génération, Angèle a compris comment le succès marche… À voir si la suite sera de même tonalité.

Sophie Brandet.

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A propos de Sophie Brandet

Nantaise d’adoption mais citoyenne du monde, je suis journaliste photographe professionnelle depuis bientôt 10 ans. Au départ un besoin de figer des souvenirs, puis une passion, au final un métier. J’aime les gens, capter un instant, m’enrichir de ces rencontres. Entre les tournées et les salles de concerts nantaises, j’ai créé mon quotidien. À ça s’est ajouté l’écriture. Complémentaire aux photos pour reproduire la magie du moment décrit. Un concert dure 1h30... faisons perdurer l’instant.